C’est une double impression sur la rétine que produisent les œuvres de Negin Rouhbakhsh lorsqu’elles sont exposées au regard du public. Il y a tout d’abord l’évidence de l’héritage culturel persan qui saute aux yeux lorsque l’on regarde pour la première fois un tableau de Negin Rouhbakhsh. La vivacité des couleurs, la complexité des motifs, les entrelacs infinis que dessinent les lignes sur la surface de la toile évoquent sans ambigüité l’art du tapis et de la mosaïque persans, savoirs millénaires transmis de génération en génération. C’est d’ailleurs le père de Negin Rouhbakhsh, le célèbre peintre iranien Jafar Rouhbakhsh, – boursier de la Fondation Maeght, basée à Saint-Paul-de-Vence-, qui l’a familiarisée avec l’univers de la peinture. Aujourd’hui encore, Negin Rouhbakhsh continue de trouver une part de son inspiration dans l’art de son père, qu’elle perpétue malgré sa disparition. Mais il y aussi, à bien y regarder, une contemporanéité de l’œuvre de Negin Rouhbakhsh, qui la relie à la fois à l’art abstrait de la deuxième moitié du 20ème siècle mais aussi aux puces électroniques que l’on trouve sur les cartes mère d’ordinateur, ces circuits imprimés qui assurent la liaison de tous les composants et permettent aux microprocesseurs de les reconnaître. Cette double impression que produit la contemplation des œuvres de Negin Rouhbakhsh provient de la rencontre inouïe entre le lointain passé persan dont elle est l’héritière et l’ultra-modernité de ses figures de circuits imprimés qui l’inscrivent dans un présent futuriste. Cette double impression ne s’oublie pas. Elle revient sans cesse éclairer l’arrière de nos rétines, bien après notre première vision, et distille un parfum d’éternité qui nous enivre et nous envoûte comme seule une lumière d’orient peut le faire.